Australie 1 : Outback fever !

Publié le par Clochette & Ben

            L'Australie, c'est ça :

 

australia europe 

 

Et voilà qui résume bien des choses... Un pays dans lequel on rentre un continent ; 7,7 millions de kilomètres carrés pour 19 millions d'habitants. Un pays dans lequel on peut parcourir des centaines de kilomètres sans croiser âme qui vive ; un pays dans lequel les ranchs et autres exploitations agricoles s'étendent sur des territoires dont la superficie dépasse celle d'états européens (plus de 30 000 km2 pour certaines fermes !). Un pays, enfin, que traverse de part en part le tropique du capricorne, séparant un tiers nord au climat tropical des deux tiers restant jouissant d'un climat tempéré.

 

Autant dire qu'au terme de deux semaines de tribulations et de plus de 7 000 bornes parcourues, on a réalisé en campervan un itinéraire qui s'apparenterait à un Lisbonne-Londres-St Petersbourg et qui ne comporterait pas moins de diversité quant au climat, à la faune et flore, aux paysages traversés, etc, etc. Un campervan, c'est là notre moyen de transport : c'est un combiné véhicule/cuisine équipée (plaques de cuisson, frigo, lavabo, vaisselle...)/salon-salle à manger/couchage/... en somme, un compromis entre le camping-car et le van !

 

Notre par cours est le suivant :

 

carte australie WA 

 

            Nous avons récupéré notre fidèle destrier à Adélaïde, au centre-sud du pays. Après une brève visite de la ville, nous avons pris la direction des Flinders Ranges, une chaîne montagneuse à 800 kilomètres au nord. Chemin faisant, nous nous sommes arrêtés au Mount Remarkable (si si!) National Park pour y faire la visite des Alligator Gorge : de splendides gorges boisées comportant une section avec de larges terrasses de grès colorées et d'autres nettement plus encaissées. Cette première balade fut aussi l'occasion de croiser notre premier marsupial : un euro, un cousin du kangourou, de taille plus menue et au pelage gris.

Parvenus aux Flinders Ranges, nous en avons visité, au terme d'une harassante marche, l'attraction principale : le Wilpena Pound, un cirque de montagnes de 17 km cloisonnant une cuvette circulaire en surélévation. Le spectacle est époustouflant et donne à voir, en plus du Pound, un magnifique panorama sur les reliefs montagneux et boisés s'étendant à perte de vue.

 

De là, nous nous sommes décidés à rallier Coober Peddy, non pas par la Stuart Highway (l'axe routier qui coupe le pays en deux et raccorde Darwin au nord à Adélaïde au sud), mais par l'Oodanata Track : une piste, tantôt sableuse, tantôt pierreuse de quelques 500 kilomètres. Celle-ci passe par de magnifiques paysages : de rouges plaines désertiques, les abords du lac de sel Eyre, des criques ensablées... et de nombreuses bêtes : kangourous, émeus,dingos, oiseaux en pagaille...

La piste est ponctuée de quelques anecdotiques localités : toutes les 150-200 bornes, un bled ne dépassant pas la vingtaine d'âmes procure carburant et restauration.

 

 

            Capitale mondiale de l'opale, les environs de Coober Peddy sont une incroyable souricière. Depuis des dizaines d'années, qui veut y acquière une concession et retourne la terre dans l'espoir d'y trouver la précieuse pierre. Les gens y restent coincés jusqu'à avoir fait fortune... ou pas. La ville doit sa notoriété touristique à la présence de dug houses, des maisons souterraines, construites ainsi pour ménager leurs occupants de l'accablante chaleur estivale et de la rigueur des nuits. Sous terre, la température est modérée et constante, de jour comme de nuit. On trouve à Coober Peddy de toutes les nationalités, attirées là par l'appât du gain. Nous visitons ainsi une église serbo-catholique, souterraine toujours. C'est marrant, mais l'on ne s'extasie pas non plus sur l'ouvrage...

 

Coober Peddy est aussi l'occasion d'un premier contact avec des aborigènes. Ceux-ci sont les plus anciens habitants du pays. Ils sont issus de mouvements migratoires remontant à des dizaines de milliers d'années. Ils ont occupé le territoire dans sa quasi-intégralité, répartis en de très nombreuses tribus nomades, chacune détentrice d'une culture et d'un dialecte propre, jusqu'à l'arrivée de l'homme blanc et au carnage qui s'ensuivit.

En faisant quelques courses à Coober Peddy donc, on assiste au spectacle d'aborigènes vagabondant, squattant les espaces publics et s'y alcoolisant. Ça ressemble à nos gitans et ça suscite le même dégout auprès de la population locale « blanche ». Il semblerait que le gouvernement verse des indemnités (s'achète une moralité ?) aux membres de tribus dépossédées de leurs terres, cultures et modes de vie. Les aborigènes, que l'on a introduit aux drogues occidentales, utilisent ces rentes pour s'adonner à la boisson entre autres poisons. L'alcool est pour eux véritablement destructeur pour ce que c'était quelque chose qui leur était totalement inconnu avant l'arrivée des européens. La question aborigène est particulièrement complexe et s'apparente, par bien des aspects à la situation américaine et au traitement des natifs indiens... C'est très intéressant bien que hautement démoralisant. Ça mériterait évidemment d'innombrables développements, mais là n'est pas l'objet de ce blog (oder?).

 

Pour en revenir à plus de légèreté, Coober Peddy et ses environs désolés a aussi été le lieu privilégié de tournage de films post-apocalyptiques tels Mad Max ou encore Pitch Black, films dont on trouve des éléments de décor sur place (ex. un vaisseau spatial pour Pitch Black).

 

 

            De Coober Peddy, on roule toute la journée pour parvenir au Uluru-Kata Tjuta National Park (Ayers Rock !) et l'on dort, à l'arrache, à proximité de l'entrée du parc national que l'on visitera le lendemain... L'Australie est horriblement chère, eu égard au standard asiatique, mais également en comparaison de la France. On ne mange pas dans un boui-boui pour moins de 15 dollars (australiens = environ 11 euros) ; le prix de l'essence oscille entre 1,30 et 2 dollars le litre selon le degré d'isolement ; la visite de la barrière de corail se facture à 150-200 dollars la journée, etc, etc. Du coup, on est obligés de faire preuve d'ingéniosité pour s'épargner des frais : on se planque dans la nature pour y passer la nuit, parce que le moindre camping avec commodités minimales coûte 20 dollars ; l'un de nous se planque dans le van quand on passe à un guichet pour économiser le tarif d'une personne ; on ne paie pas pour de nombreux parcs nationaux où l'on est censés déposer des frais dans une boîte prévue à cet effet...

 

Arrivés dans le parc national hébergeant Ayers Rock, on commence par la visite de son voisin : Kata Tjuta, une appellation qui, dans le dialecte aborigène dont elle est tirée, signifie « les nombreuses têtes ». Le site est en effet un ensemble d'une trentaine de dômes de roches (de dimensions imposantes ; le plus important culmine à plus de 500 mètres) surgissant du désert de façon complètement inopinée. La visite est l'occasion de vues toujours plus splendides sur les formations rocheuses et les reliefs qu'elles ménagent : d'étroits canyon, une verdoyante vallée...

La visite est partielle,car, comme pour Uluru (Ayers Rock), certaines parties du site sont sacrées, à tel point que les aborigènes ne peuvent même dévoiler la signification qui les entourent..

 

Une trentaine de bornes plus loin se trouve donc Ayers Rock, un monolithe culminant à 350 mètres et d'une circonférence avoisinant la dizaine de kilomètres. On n'en voit évidemment que la partie émergeant du paysage désertique, mais on suppute que le rocher se poursuit dans le sol et que sa partie souterraine, à l'instar de celle d'un iceberg, est de proportions encore plus impressionnantes que sa partie émergée.

On visite Uluru en faisant le tour de sa base, après avoir fait le choix éclairé de n'en pas réaliser l'ascension, qui est fortement déconseillée par les aborigènes qui la considèrent comme une offense, mais ne se résolvent pas pour autant à l'interdire pour ce que cela pourrait avoir un impact touristique (financier) néfaste... Le rocher donne à voir mille facettes et, au cours de notre balade sur son pourtour (10 km, 3-4 heures), nous serons spectateurs de différents paysages et reliefs : cavités creusées dans la roche, larges voies d'écoulement ménageant une voie pour les pluies sur les flancs du rocher, petits bassins et autres trous d'eau, balafres de formes diverses (toutes expliquées par quelque mythe aborigène), etc, etc... Il n'est vraiment pas monotone d'en faire le tour tant l'on est toujours également stupéfait par le spectacle du rocher, à peine l'on modifie la perspective que l'on en a.

 

 

            D'Ayers Rock, quelques 300 kilomètres dans le désert nous mène au non moins impressionnant Kings Canyon, le plus spectaculaire canyon de l'Outback, l'arrière-pays australien. On emprunte un sentier qui nous mène d'abord au sommet du plateau dans lequel le canyon s'est creusé. Là-haut fleurissent de surprenantes formations rocheuses dont la couleur varie conformément à la luminosité. Plus loin, on descend dans la gorge pour y découvrir le stupéfiant spectacle d'un jardin d'Éden : le passage de l'eau y est l'occasion d'une explosion de vie végétale comme animale tranchant radicalement avec les paysages en surplomb.

 

Quelques cratères météoritiques plus tard, on se retrouve à Alice Springs, seule ville en plein centre du pays, nichée au cœur d'un massif montagneux de toute beauté : les McDonnel. Nous passons deux jours à visiter les parties orientale et occidentale du massif, lesquelles regorgent de « gap » (une interruption brusque dans la chaîne de montagnes, entre le canyon et la gorge), gorges, défilés rocheux et autres formations géologiques insolites et intéressantes.

Comme l'on a pris l'habitude de le faire, on visite tous ces sites par de petites randonnées. L'Australie est le pays de la marche et tous les parcs nationaux (au nombre de 540 dans le pays) et sites qui s'y trouvent fournissent au marcheur de tout niveau de quoi se faire plaisir : du point de vue à 15 minutes à la randonnée de 12 jours, il y en a pour tous les goûts !

 

 

            D'Alice Springs, nous effectuons un peu plus de 1 500 bornes en moins de 24 heures pour se rendre dans les environs de Darwin qui où l'on s'adonne à la visite de trois parcs nationaux majeurs. Ceux-ci sont l'occasion d'un dépaysement à moitié plaisant : on se trouve face à diverses merveilles du milieu tropical, mais celles-ci ne vont pas sans s'accompagner des menus désagréments de la chaleur, de la moiteur et des obsédants insectes...

On commence par le parc du Litchfield où l'on se repaît du spectacle de magnifiques chutes d'eau ceintes de forêts pluviales grouillantes de vie ; c'est un euphémisme : il faut voir ou plutôt entendre la vacarme des oiseaux et insectes !!! Petite parenthèse sur ce sujet : l'Australie est aussi le pays des amoureux de la nature ; l'incroyablement faible densité humaine a été un facteur de préservation des milieux naturels et si rudes les conditions de vie soient-elles dans certaines parties du pays, on est systématiquement les témoins d'une profusion de vie animale comme végétale... et c'est rassurant... et ça fait du bien !

Au Litchield, on en apprend aussi un peu sur la vie des termites dites « magnétiques » pour ce qu'elles orientent leurs géantes termitières selon l'axe magnétique terrestre...

 

Le parc que nous visitons ensuite est le Kakadu, le plus grand et illustre parc national. Celui-ci a la particularité de présenter autant de curiosités naturelles que culturelles. C'est en effet un haut lieu d'expression artistique aborigène. On y trouve un nombre incroyable de peintures pariétales. Celles-ci figurent un certain nombre de thèmes récurrents dans les cultures aborigènes : une représentation du dreamtime, les temps anciens du rêve, époque à laquelle d'ancestraux êtres créateurs ont parcouru et façonné la terre en même temps qu'ils délivraient un enseignement sur la façon de se comporter à son égard = la Loi pour les aborigènes, Celle qui dicte aussi leur comportement social...

Au Kakadu, on s'offre également le luxe d'une croisière en bateau (à 60 dollars pour une heure et demie !) durant laquelle on nous informe sur le fonctionnement de l'écosystème du parc ; on y voit une multitude d'oiseaux aquatiques et... des crocodiles !!! En somme, on se croirait dans notre bon vieux Ried...

 

On fuit rapidement le Kakadu pour n'avoir pas à y passer une seconde nuit. La première fut désastreuse : on n'a jamais vu pareille prolifération de moustiques ; ils s'agglutinaient par centaines devant les fenêtres de notre van au point de produire un vacarme incessant ; on s'est fait bouffés comme jamais et l'anti-moustique ne fut d'aucune utilité !

On finit notre tournée des parcs du Nord avec le Nitmiluk : une succession de treize gorges le long du cours de la Katherine River. Ce ne sont de loin pas nos premières gorges, mais l'on reste bluffés !

 

 

            Enfin, on a achevé cette première moitié de séjour par... (wait for it)... un nouveau parc national ! Comme l'on avait quelques 3 000 bornes de pays à traverser pour se rendre sur la cote Est pour la suite du séjour, on s'est dit que l'on pourrait fractionner en s'offrant une étape touristique... et quelques 500 kilomètres de route en sus !

Nous nous sommes donc rendus au Lawn Hill National Park, un parc sur la bordure ouest du Queensland, à la frontière avec les Territoires du Nord. Surgi au milieu de nulle part (et surtout de 100 bornes de pistes cahotiques), Lawn Hill est une oasis dans le désert. On y a visité des gorges (sans déc' !) en canoë... ce qui offre une perspective non moins intéressante et fort spectaculaire. On s'y est également baigné avec des crocodiles (d'eau douce, les gentils ! Ceux qui font de l'humain un repas ce sont les crocodiles d'eau de mer).

 

Depuis, on s'est dirigé à l'est pour poursuivre avec des aventures côtières... Mais ça, c'est une autre histoire !

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H
<br /> Vive les parc nationaux :-)<br /> En tout cas, j'ai appris plein de choses sur l'Australie en lisant cet article...<br /> Biz à bientôt ! Ln.<br /> <br /> <br />
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